FEMIP : 1er instrument financier en Méditerranée

Marchés tropicaux et méditerranéens, mai 2007

« Nous sommes devenus de loin le 1er instrument financier de la région méditerranéenne », se félicite Philippe de Fontaine Vive, Vice-Président de la BEI et Responsable de la Facilité Euro-méditerranéenne d’investissement et de partenariat (FEMIP). Loin devant la Banque mondiale (600 millions d’euros environ), la FEMIP a accordé en effet pour 1,3 milliard d’euros de financements à ses 9 pays partenaires méditerranéens en 2006. C’est légèrement plus qu’en 2005, hors Turquie (qui relève d’un autre régime financier depuis l’an dernier en raison de ses négociations de pré-adhésion à l’UE).

Selon le rapport annuel 2006 publié à la mi-mai, les financement sont allés en priorité à l'énergie (près de 594 millions), au développement du secteur privé (380 millions), à la protection de l'environnement (325 millions) et aux secteurs sociaux tels que la santé. L’institution a réalisé 17 opérations dont 8 dans le secteur privé. Et l’enveloppe ne fait qu’augmenter, passant à 8,7 milliards d'euros de prêts garantis pour la période 2007-13, soit un doublement par rapport à 2000-06 (hors Turquie). A cela s’ajoute une ligne de crédit de 2 milliards non garantis, portant la capacité totale de prêt à 10,7 milliards d'euros, qui bénéficient de plus en plus du secteur privé.

Sur le plan institutionnel, quelques évolutions : à l’été 2006, les ministres ont renoncé à la création d’une banque euro-méditerranéenne de développement, privilégant pour des questions de coût le renforcement des structures de la FEMIP. Cette dernière a donc désormais une Assemblée générale, un Comité (quasi Conseil d'administration au pouvoir consultatif qui se réunit 3 à 4 fois par an) et organise des conférences thématiques, comme celle de mars dernier à Paris sur les transferts financiers des travailleurs immigrés.

La gamme de produit s'est également diversifiée : prêts à long terme, assistance technique, études, prises de participation. La FEMIP peut désormais émettre des garanties. Le prochain défi demeure l’octroi de prêts en monnaie locale, plus accessibles aux PME. « Pour cela, il faudrait que la FEMIP puisse aussi emprunter en monnaie locale sur les places des pays du sud mais cela suppose leur conformité aux standards internationaux et une transparence qui n’arrange pas forcément les grands acteurs privés de la région », explique un expert financier français. Des discussions sont en cours en Egypte, en Tunisie et au Maroc.

Les Ministres euro-méditerranéens des Finances se sont réunis à Chypre les 13-14 mai 2007 pour examiner l’articulation encore floue entre la FEMIP et la Politique européenne de voisinage (PEV). « Je veux que les prises de participation augmentent », a également martelé le 11 mai M. de Fontaine Vive, rappelant que son institution est partenaire de 22 fonds d'investissement et de 500 entreprises. Mais la PEV bouleverse les données, alors que les ressources MEDA étaient bien définies. Pour les prises de participation et la bonification des taux des taux d'intérêt dans les secteurs sociaux, la FEMIP dispose pour 2007-10, d’un soutien budgétaire de 32 millions d'euros par an, ce qui laisse un besoin de financement de 230 millions pour 7 ans.

Nathalie Gillet

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Euromed : Les pays méditerranéens n'auront pas leur banque régionale spécialisée


La Tribune, Paris, 27 juin 2006

La deuxième réunion jumelée Conseil Ecofin-Femip (Facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de partenariat) a réuni les 25 et 26 juin 2006 à Tunis 16 ministres de l'Economie et des Finances de l'Union européenne et des pays méditerranéens. C'est plus que l'an dernier (12). L'un des grands thèmes du moment a été le devenir de la Femip, au sein de la Banque européenne d'investissement : transformation en banque euroméditerranéenne ou simple renforcement avec une meilleur présence locale ? Une tendance nette s'est dégagée cette fois en faveur du renforcement de cette institution qui, avec 9 milliards d'euros dépensés depuis 2002 (dont 2,2 milliards en 2005) a jusqu'ici prouvé son efficacité. "Tout ce que l'on doit réaliser dans les prochaines années dans cette région, nous pouvons le réaliser avec l'instrument de la Femip", a estimé le Commissaire européen chargé des affaires économiques et monétaires, Joaquín Almunia.

Seuls favorables encore à la création, à terme, d'une banque étaient donc le Maroc et l'Egypte. "La création d'une banque euroméditerranéenne serait un message politique fort pour la région, comme lorsque l'on a créé la Berd", a déclaré à La Tribune le ministre marocain, Fathallah Oualalou. "Nous sommes pour un banque… mais sans coût supplémentaire", a indiqué en souriant le ministre tunisien. Autant demander l'impossible. C'est donc l'élément qui en effet aura fait pencher la balance générale en faveur de l'autre option. L'enveloppe accordée pour 2007-2013 à la Femip devrait être renforcée et sera adoptée définitivement en novembre prochain.

Parmi les nouvelles priorités des programmes de financement est venu s'insérer l'énergie. En clair, la diversification des ressources. "Regardez le prix du baril de pétrole", à indiqué Christine Lagarde, Ministre française déléguée au Commerce extérieur, présente à la réunion, à titre d'explication. "Il faut continuer de financer le développement avec pourtant des facteurs exogènes qui viennent en choc contre toutes nos économies".

Aucun décision concrète n'est venu couronner la réunion du Conseil Ecofin, qui fut davantage l'occasion de passer en revue la situation économique dans la rive sud et l'avancée des réformes économiques, notamment la gestion des Finances publiques. "Nous sommes en train de créer une tradition qui n'existait pas auparavant et qui permet aux responsables des ministères de se voir", a estimé pour sa part le ministre marocain en ajoutant : "Il est important de régionaliser les débats mondiaux et en ce sens c'est une réunion utile".

Pour couper court aux inquiétudes des pays méditerranéens, qui voient dans la nouvelle politique de voisinage, la perte du caractère spécifique de leur partenariat, le commissaire européen a insisté sur l'augmentation des budgets. A partir de janvier 2007, l'instrument financier du processus de Barcelone, Meda, sera certes fusionné avec le programme Tacis (pays de l'Est et Russie) au sein d'un instrument financier unique mais avec une enveloppe de 12 milliards d'euros, l'augmentation cumulée est de 45% par rapport aux budgets précédents. "Il sera plus flexible et plus efficace" a promis M. Almunia. Mais attention, la répartition n'étant plus géographique, elle dépendra de l'avancée des plans d'actions signés avec chaque pays dans le cadre de la nouvelle politique de voisinage.

Nathalie Gillet

Femip

Opérationnelle depuis octobre 2002, la Facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de partenariat (Femip), programme de la Banque européenne d'investissement, a présenté le 20 juin son premier rapport annuel. En quelques années, l'institution a considérablement augmenté l'effort de la BEI en Méditerranée : 2,2 milliards d'euros en 2004, contre 1,2 milliard en 2000, dont une part croissante va secteur privé. Trois priorités : l'eau, le secteur bancaire et les transports.

En marge de la réunion un prêt de 80 millions d'euros a été signé avec la Tunisie pour le financement de cinq technopoles (Sousse, Sfax, Monastir, Bizerte et Sidi Thabet).

A ceux qui se demandent si la Femip se transformera en banque euro-méditerranéenne, comme le souhaite notamment l'Algérie, la Tunisie et l'Egypte, les responsables restent flous et renvoient à fin 2006, échéance fixée pour une décision. En attendant, un bureau vient d'ouvrir à Rabat en juin 2005, après celui de Tunis en décembre 2004 et le bureau régional du Caire. NG